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Le lagunage
Dossier n°1
L’ASSAINISSEMENT INDIVIDUEL PAR LAGUNAGE ou comment transformer les détergents en poissons...
Avant-propos
"LAGUNAGE", un terme utilisé à toutes les sauces !
Il nous semble important de
préciser cette définition. En effet, si on ne considère que l’épuration des eaux usées
domestiques, on rencontre des stations par lagunage de divers types. Le lagunage aéré
artificiellement (aérateur de surface ou diffuseur d’air dans le fond des bassins) est
le plus utilisé par les intercommunales d’épuration en région wallonne. Ce système, très énergivore en électricité, n’a
rien à voir avec le système décrit dans cette brochure que ce soit au niveau de
1) Le lagunage est une technique
d'épuration basée sur la transformation et l'assimilation des "polluants" domestiques par les chaînes 2) L’aménagement du système doit
comprendre au minimum une lagune à microphytes (culture d’algues et de bactéries) et une lagune plantée (dite à
macrophytes). 3) L’étanchéité des lagunes doit être
parfaite afin d’éviter la pollution des nappes phréatiques. Le sol en place,
même très argileux, est très rarement suffisamment étanche. 4) Le temps de séjour de l'eau à épurer est très long. Il doit être supérieur à 50 jours. Ce qui, compte tenu d’une profondeur variable de 60 à 100 cm, correspond à une surface totale minimale de plan d’eau de 10m² par usager.
5) Une plante aquatique est
obligatoirement introduite dans les lagunes. Il s’agit du roseau (Phragmites
communis). 6) Le substrat dans lequel les plantes
aquatiques sont repiquées permet un bon écoulement de l'eau dans celui-ci et donc un bon contact entre l’eau à
épurer et les racines des végétaux. Le plus souvent, ce substrat est constitué
de grenailles ou de galets dont le calibre est compris entre 7 et 40mm. 7) La profondeur minimale des bassins
est de 60cm. 8) Idéalement, l’évacuation des eaux
épurées se fait dans le sol, via des drains de dispersion. 9) Si les eaux épurées alimentent une
mare ou un étang naturel, deux espèces animales y seront introduites : l’anodonte (mollusque bivalve de la
famille des Unionidés) et une espèce de petit poisson indigène (épinoche, épinochette, ablette, able de Heckel ou
bouvière). 10) Une attention particulière sera portée
au bon écoulement de l’eau entre les bassins. Une isolation des canalisations
doit être prévue lors des périodes de gel. 11) Les eaux de W-C sont prétraitées dans
une fosse septique. 12) Le lagunage ne traite que des eaux
usées. Les eaux pluviales récoltées sur les surfaces imperméables (toitures,…)
Notre expérience nous a montré que l’ensemble de ces conditions (au minimum) doivent être respectées pour garantir une bonne efficacité épuratoire. Dès lors, le système peut être baptisé plus explicitement “Agencement d’Ecosystèmes Aqua-tiques Reconstitués ”. Néanmoins, pour simplifier, nous continuerons à parler de lagunage dans la suite de cet article.
Introduction
En décembre 92, M. Heyden s’installe
avec sa petite famille à Havrenne (commune de Rochefort) dans une habitation dont les eaux usées
sont rejetées sans la moindre épuration vers un ruisseau derrière la maison.
Notre propre expérience au quotidien nous
montre que cette démarche préventive (produire moins de pollution) peut être articulée autour de
quatre axes essentiels : 1.
La réduction de la consommation d'eau. La consommation journalière du Belge moyen est de 120 litres. Notre
ménage de cinq personnes (dont 3 enfants) consomme chaque jour 185 litres d'eau, soit plus de trois fois moins que la
moyenne nationale. Or nous disposons de tout le confort classique lié à l'eau :
salle de bains, lave-vaisselle, machine à lessiver, deux W-C,... 2.
L'emploi de détergents plus propres. Idéalement, ils doivent être modulaires
(les principaux constituants sont séparés et donc dosés en fonction du type de
linge, de la dureté de l'eau,...), rapidement biodégradables (moins de 20 jours,
les tensio-actifs sont d'origine végétale 3.
Les produits toxiques (white spirit, acétone, ammoniac,....) sont utilisés
avec parcimonie. Les déchets résultant de leur emploi seront déposés dans un
parc à conteneurs plutôt que déversés dans le W-C ou dans un sterput. 4. Afin de bien la débarrasser de tous les
restes de repas, la vaisselle peut être prélavée rapidement dans un seau contenant 2-3 litres d'eau
ayant servi au lavage des légumes ou pour la cuisson. Le liquide sera versé sur le tas de compost
ou, à défaut, sur la pelouse. Epurer c'est bien, valoriser c'est mieux. Dès le départ notre démarche s'est articulée
autour du slogan "Le lagunage, bien plus que de l'épuration". Les lectures, les visites
et les rencontres que nous avions accumulées avant d'entamer notre aménagement
nous avaient clairement montré les diverses
Après
5 années, nous considérons que les formes de valorisation décrites ci-dessous constituent
l'attrait majeur du système fosse septique + lagunage : · le liquide de la fosse septique est pompé
afin d'enrichir le compost et ce en automne, lors de l'édification du tas. Le liquide · en octobre, les plantes aquatiques sont
fauchées et compostées en mélange avec les autres déchets putrescibles. L'azote
et le phosphore que ces plantes ont fixés sont ainsi valorisés comme fertilisant
pour le potager ; · les lentilles d'eau (petites plantes flottant
à la surface des lagunes) sont très riches en protéines (30% du poids sec). Elles
sont récupérées à l'épuisette et constituent (sans aucun traitement) un aliment
très apprécié par nos poules de race Ardennaise (ancienne race rustique); · dans la lagune non plantée se développe
une concentration très élevée d'algues vertes unicellulaires (chlorelles). L'eau
de cette lagune est directement pompée vers le potager. Les macromolécules (polysaccharides) de la paroi algale
constituent un excellent précurseur d'humus · les bassins de lagunage sont colonisés
par une faune aquatique diversifiée, surtout dans le dernier bassin. Chaque année,
nous pouvons observer : dytiques, notonectes, libellules, limnées, tritons, grenouilles, bouvières et même un couple
de canards ou un héron. Par ailleurs, les lagunes sont peuplées par une trentaine
d'espèces végétales aquatiques indigènes. Les lagunes constituent donc un merveilleux refuge pour de nombreux
organismes aquatiques; · enfin, l'attrait esthétique des lagunes dans votre jardin n'est pas à négliger.
Le prétraitement des eaux de W-C
avant d'être acheminées par gravité vers les lagunes, les eaux vannes(W-C) sont
prétraitées dans une fosse septique (F.S.). Les eaux savonneuses ne subissent aucun
prétraitement avant de parvenir aux lagunes (ni dégraisseur, ni filtre bactérien). La F.S.
permet d'éviter différents problèmes : hygiéniques, propagation de mauvaises
odeurs et accumulation de boues dans le premier bassin de lagunage. Plus le temps de séjour de l'eau à épurer
dans la F.S. est important, plus l'action de dégradation (minéralisation) de la matière
organique (déjections) par les microorganismes est complète. Cela signifie que
l'effluent de la fosse se compose principalement d'éléments minéraux tels l'ammonium (NH4) et les phosphates (PO4)
qui sont facilement assimilés par le plancton et les végétaux dans les lagunes. Le bon fonctionnement de la fosse dépend
de trois paramètres principaux : · le volume de la fosse (au moins 300l
par usager); · le volume des chasses d'eau des
W-C. Nous avons pu réduire ce volume jusqu'à 5,5litres par l'utilisation d'un mécanisme à
débit réglable (avec bouton poussoir, 1200FB/pce). La réduction du volume des chasses
permet d’augmenter le temps de séjour des eaux dans la fosse. · l'homogénéité de la nature chimique et
du débit des eaux usées rejetées dans la fosse. Si vous possédez une fosse "toutes
eaux", son rendement sera moins bon car les fluctuations de débit des eaux grises (bains, lessives) sont beaucoup
plus importantes.
Description de notre installation
Notre installation se compose de cinq bassins d’une superficie totale d’environ 50m², ce qui représente une surface de 10m² par usager. Les eaux s’écoulent par gravité d’un bassin à l’autre. Aucun système d’aération électro-mécanique n’est utilisé. L'imperméabilisation Il s'agit
certainement de l'étape de l'aménagement des bassins à laquelle vous devez accorder le plus de soins. En effet, si
les bassins ne sont pas parfaitement étanches, ils risquent, au pire, de ne jamais
se remplir d'eau et donc de ne jamais "fonctionner". Par ailleurs, les fuites, principalement dans les premiers bassins,
peuvent suivant la nature du sous-sol entraîner les eaux usées vers les nappes
souterraines et contaminer celles-ci (nitrates, détergents, germes fécaux). Les membranes plastiques traitées pour
résister aux rayons U.V. du soleil (un Lagune 1 Lagune 2 Lagune 3
Lagune 4 - la reine des prés - la patience d’eau Concernant son rôle épuratoire, l'aménagement de ce bassin se justifie par rapport à deux objectifs :
Lagune 5 Nous avons également implanté quatre
espèces enracinées : le nénuphar blanc (Nymphaea alba), la sagittaire (Sagittaria
sagittifolia), le rubanier simple (Sparganium emersum) et le jonc fleuri. Ces espèces ont été choisies pour leur
aspect esthétique (forme des feuilles, floraison,...). Nous avons conçu et surtout aménagé cette dernière lagune prioritairement comme un refuge pour la vie aquatique indigène ; autrement dit une mare "naturelle". Deux espèces animales ont été introduites car elles n'auraient pas pu coloniser ce nouveau milieu aquatique spontanément. Ces deux espèces sont d'une part l'anodonte (Anodonta sp.), un mollusque bivalve (taille 10-15cm) de la famille des Unionidés. D'autre part, la bouvière (Rhodeus sericeus). Les anodontes vivent dans les fonds vaseux des canaux, des fleuves et des étangs. Nous les avons choisies pour leur régime alimentaire. En effet l'anodonte est un organisme filtreur. Elle se nourrit de plancton et de particules en suspension dans l'eau. Une anodonte, en fonction de sa taille et de la température de l'eau, filtre en moyenne 250ml d'eau par heure. La bouvière est un petit cyprinidé dont la taille n'excède pas 7-8 cm. La bouvière remplit dans cette dernière lagune une double fonction :
On peut dire en conclusion que le terme "Lagunage" est un système complet d'épuration des eaux et qu'au niveau du jardin aquatique ou du bassin de jardin, il convient plutôt d'employer le terme "Bassin de filtration sommaire par plantes aquatiques". Ce dernier n'est en effet qu'un des éléments du système complet et complexe de lagunage.
Le site de l'auteur : Ecologie au quotidien - Christian Heyden http://home.tiscali.be/lagunage/index.html
Autres articles sur le web : * Retour au lagon bleu: le traitement des eaux par lagunage http://www.uvcw.be/articles/33,110,34,34,765.htm
* La mare, une compagne exigeante mais pleine de charme http://www.amisdelaterre.be/article.php3?id_article=29
Entreprise travaillant avec Christian Heyden : * Villa Natura Sprl
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