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par zhangji » dim. 27 mai 2007, 00:26
Bonjour,
Le sondage s'étoffe. J'aimerais y apporter ma petite pierre. Et comme il semble que c'est la motivation qui amuse le plus, j'y vais de mon petit laïus.
Je vis vraiment à la croisée des chemins de ce triple choix qui est offert. Je suis Belge, je vis en France et je travaille en Suisse.
Donc je suis Belge, Bruxellois même. Né en pleine Marolles. Bon sang ne saurait mentir. Donc pour la bière (bien que j'en boive peu), je trouve qu'elle est inégalable (bien que je pourrais vous parler d'une "cérémonie de la bière" que j'ai vécu en Allemagne et qui a fortement ébranlé mes convictions). Une haute pression gentiment maltée, ça stimule les papilles et les petites cellules grises, comme dirait mon pote Poirot. Bien que n'étant pas gros consommateur, je suis éclectique; J'ai eu l'occasion de faire brasser une bière artisanale avec une sélection d'herbes que j'avais conçue. Pas mal. Après cinq ans je termine les dernières bouteilles (même en petit, un brassin ça fait pas mal de litres). Puis je garde religieusement quelques bouteilles de gueuze et de kriek d'au moins 25 ans d'âge, dont j'en vide une chaque année. Celles-ci aussi sont artisanales. Logiquement elles ne devraient plus être bonnes ... mais croyez-moi, comme elles sont parties, elles défieront encore les pyramides). Un délice. Pour le chocolat, je suis aussi resté inconditionnel. Peut-être qu'au point de vue société, le chocolat belge n'appartient plus aux belges, mais il reste le goût belge, cette technique de fabrication qui nous est propre. Là aussi on peut opposer les chauvinismes, mais mon palais ne peut transiger, malgré d'honnêtes tentatives. Et puis je connais une petit chocolatier à Ledeberg près de Gand qui fait des pralines artisanales que je ne rate jamais, chaque fois que je viens en Belgique.
Mais tout Belge que je suis, je vis en Haute-Savoie. Et là il faut dire : bon bec ne saurait mentir. Le Reblochon et la Tomme du coin valent le déplacement. Le Comté et l'Abondance ont de ses surprises! Et même si le fromage ça s'exporte, j'ai fini par croire qu'il est meilleur quand il n'a pas voyagé. Je passerai sur les grands vins français. On ne nie pas les évidences. Quant à la baguette, je passe. Dans mon coin le dernier vrai boulanger s'est tiré. Double zéro. Je fais donc mon pain moi-même. (Et fait de blé français, avec de l'eau et du sel français et en France ... c'est forcément du pain français!
Et la Suisse donc, où je travaille? Je trouve que parfois elle est méconnue. Mon boulot est au bord du Léman. Alors ce lac immense entouré de ses montages, de ses parcs, de ses villages au charme incomparable ... il faut courir loin pour trouver cela. Déjà rien que de l'autre côté du lac (qui est français) c'est le contraste ... en moins bien.
Et puis il y a les vins suisses, qui font mon verre quotidien. J'ai été très déçu par les petits vins français (enfin petit, je ne parle pas du gros rouge qui tache ...). Au moins pendant les dix dernières années la Suisse a revu et corrigé sa copie de vignerons-vinificateurs. Aujourd'hui les trésors font légion. On trouve des super grands blacs qui pour mon palais concurrencent parfois les cuvées de renom de France pour le tiers du prix. Certains rouges aussi peuvent vous offrir des profondeurs veloutées enchanteresses. S'il y a actuellement une découverte à faire pour l'étranger, c'est sans conteste le vin suisse.
Et pour la cuisine, j'ai déjà donné mon avis : je mange chinois (authentique) cinq jours sur sept et c'est là que va ma préférence.
Alors faudrait-il que je tire une conclusion de tout cela. Je crois que pour donner mon vote, je ne dois pas partir de mes convictions ou de mes préférences abstraites, mais de mon vécu de tous les jours.
Vive la bière belge, mais j'en bois peu. Le chocolat par contre au moins une fois par semaine (amené de Belgique s'entend). Pour le vin c'est la France dans les grandes occasions, mais la Suisse pour le repas quotidien. Le fromage, quotidien aussi ,est savoyard, sans conteste. Le décor de vie, c'est la montagne française : de l'intérieur où je vis et vue de Suisse où je travaille (eh oui, c'est le Mont Blanc qu'on voit derrière le Léman où je travaille). Et pour le Plat Pays : la terre est trop plate et le ciel trop bas à mon goût.
Rien à faire, dans le choix obligatoire, c'est finalement le mot France qui revient le plus. Mais c'est un choix finalement très, très mitigé.
Zhangji