Qu'y a-t-il dans un mot?
Posté : ven. 18 mai 2007, 13:56
Bonjour,
Quand on crée un jardin japonais (ou chinois) en Europe, tout spécialement avec nos moyens du bord, une modestie naturelle peut nous amener à utiliser des paraphrases comme jardin japonisé ou jardin japonisant ou que sais-je.
En ce qui me concerne, je crois que le caractère typiquement japonais (ou chinois) du jardin qu'on crée est défini par son esprit, son ambiance, son langage et pas nécessairement par la technique et les objets utilisés. L'imitation d'un standard et le respect strict des règles prédéfinies pemettra plus facilement d'étiqueter la création. Mais ce n'est pas cela qui détermine son authenticité.
Je voudrais prendre pour exemple le jardin chinois Paradisio en Belgique. C'est évidemment une magnifique réalisation, de surcroît construite par des Chinois. Jugeant sur les photos (ce peut être trompeur, désolé), cela semble plus un jardin chinoisant ou chinoisiforme qu'un authentique jardin chinois. Il y a trop de réalisations éblouissantes et cela entraîne un effet kitsch. Pourquoi cet avis mitigé? J'ai visité déjà un assez grand nombre de jardins en Chine et je me suis impregné de leur ambiance. Même le jardin de la Cité Interdite a l'air plus simple. Ce n'est pas un jugement. C'est une référence que je veux utiliser pour illustrer mon propos.
Dans un jardin oriental, on utilise un langage symbolique, qui ne traduit pas seulement les voies du Ciel et de la Terre et des énergies qui l'animent, mais aussi sa propre place dans et sa propre relation avec le Ciel et la Terre. Voilà un formidable booster pour l'imagination du créateur de jardins orientaux. Ce n'est pas la juxtaposition d'eau, de cailloux, de lanternes, etc. qui vont déterminer si on a un jardin japonais, japonisé, japonisant ou carrément japoniais. C'est le langage que parlera le jardin au coeur de celui qui le contemple quii le caractérisera. Et pour réaliser cela il y a de nombreuses possibilités entre deux opposés. D'une part, on peut chercher à intégrer le jardin à l'environnement et au panorama, quand ils sont présents. D'autre part, on peut enfermer le jardin dans des "murs", afin de l'isoler justement de son environnement, si celui-ci n'est pas intéressant et créer ainsi sa propre planète.
Ce que je veux dire : il ne suffit pas de mettre un kimono pour avoir l'air japonais. L'important est de cultiver son âme. Et c'est cela que doit dégager le jardin.
J'espère que ces petits raisonnements vous intéresseront. En-dehors de ses aspects techniques, la création d'un bassin fait appel à notre coeur et je crois intéressant qu'on le fasse parler lui aussi, de temps en temps.
Zhangji
Quand on crée un jardin japonais (ou chinois) en Europe, tout spécialement avec nos moyens du bord, une modestie naturelle peut nous amener à utiliser des paraphrases comme jardin japonisé ou jardin japonisant ou que sais-je.
En ce qui me concerne, je crois que le caractère typiquement japonais (ou chinois) du jardin qu'on crée est défini par son esprit, son ambiance, son langage et pas nécessairement par la technique et les objets utilisés. L'imitation d'un standard et le respect strict des règles prédéfinies pemettra plus facilement d'étiqueter la création. Mais ce n'est pas cela qui détermine son authenticité.
Je voudrais prendre pour exemple le jardin chinois Paradisio en Belgique. C'est évidemment une magnifique réalisation, de surcroît construite par des Chinois. Jugeant sur les photos (ce peut être trompeur, désolé), cela semble plus un jardin chinoisant ou chinoisiforme qu'un authentique jardin chinois. Il y a trop de réalisations éblouissantes et cela entraîne un effet kitsch. Pourquoi cet avis mitigé? J'ai visité déjà un assez grand nombre de jardins en Chine et je me suis impregné de leur ambiance. Même le jardin de la Cité Interdite a l'air plus simple. Ce n'est pas un jugement. C'est une référence que je veux utiliser pour illustrer mon propos.
Dans un jardin oriental, on utilise un langage symbolique, qui ne traduit pas seulement les voies du Ciel et de la Terre et des énergies qui l'animent, mais aussi sa propre place dans et sa propre relation avec le Ciel et la Terre. Voilà un formidable booster pour l'imagination du créateur de jardins orientaux. Ce n'est pas la juxtaposition d'eau, de cailloux, de lanternes, etc. qui vont déterminer si on a un jardin japonais, japonisé, japonisant ou carrément japoniais. C'est le langage que parlera le jardin au coeur de celui qui le contemple quii le caractérisera. Et pour réaliser cela il y a de nombreuses possibilités entre deux opposés. D'une part, on peut chercher à intégrer le jardin à l'environnement et au panorama, quand ils sont présents. D'autre part, on peut enfermer le jardin dans des "murs", afin de l'isoler justement de son environnement, si celui-ci n'est pas intéressant et créer ainsi sa propre planète.
Ce que je veux dire : il ne suffit pas de mettre un kimono pour avoir l'air japonais. L'important est de cultiver son âme. Et c'est cela que doit dégager le jardin.
J'espère que ces petits raisonnements vous intéresseront. En-dehors de ses aspects techniques, la création d'un bassin fait appel à notre coeur et je crois intéressant qu'on le fasse parler lui aussi, de temps en temps.
Zhangji