La surprise du jour de zhangji
Posté : mer. 09 juil. 2008, 01:45
Bonjour,
Il y a de ces jours où la chance vous sourit.
Saisi d’une ineffable flemme, trop forte même pour que j’aille faire la sieste, je me suis installé, ou disons affalé, près de la mare pour refaire quelques images de libellules et de demoiselles. Les premières étaient trop occupées à voler. Les secondes cependant m’offrirent une jolie petite moisson. Tout en scannant mon lac à travers mon télézoom (c’est fou comme une mare change de dimension à travers une lorgnette), j’eus l’agréable surprise de voir une jeune grenouille prenant la pose un peu ringarde, du prince ensorcelé sur sa feuille de nénuphar. Clic-clac, dans la boîte.

Mais j’étais un peu loin et contournant ma mare en position de demi quatre-pattes pour ne pas effaroucher mon jeune modèle, je tentai de m’approcher. Plouf ! Je parie que si ç’avait été ma fille, ce n’aurait pas été le même scénario.
Mais ce n’est pas cela que je désire vous raconter. Voilà des prolégomènes presque vaines, s’il n’y avait pas eu une petite photo. Je m’installai donc contre le mur de pierres, le dos bien exposé à un soleil trop intermittent à mon goût, pour attendre le retour improbable de mon timide batracien. Rien n’y fit.
Mais voilà un mouvement imprévu ! Une belette (1) ! Je lève mon appareil-photo. Trop tard. Disparue dans un trou du mur. Seulement quelques secondes plus tard, un mètre plus près, une tête jaillit d’un autre trou. Photo ! Et revient par un autre trou. Photo ! … et redisparition.



Je regarde le sol devant mes pieds : encore miracolo ! Je n’arrête pas les points d’exclamation, que je garde cependant silencieux, de quoi m’offrir une suite à cette histoire. À cinquante centimètres de mes pieds se trouve le cadavre d’un mulot bien gras, bien gros . Mes petites cellules grises quelque peu rouillées se mettent en mouvement pour reconstituer le drame.
Je crois que la belette s’était amenée avec sa proie dans la gueule jusque devant moi et y avait lâché son repas au moment où j’ai bougé ; puis s’est réfugiée dans le trou, captant ainsi mon attention. Mais elle avait de la suite dans les idées. Ce dîner devait être destiné à ses petits et elle avait bien décidé de le ramener. Elle a donc organisé tout un manège : tout d’abord pour vérifier en quelle mesure je représentais un danger ; puis pour s’emparer de sa proie et la ramener au nid. Cela m’a valu les apparitions répétitives par plusieurs trous du mur où a chaque fois elle me regardait avec plein d’interrogations dans les yeux. Comme je ne bougeais pas, elle s’est précipitée sur son mulot, l’a pris dans sa gueule et l’a ramené dans le mur. Son premier objectif était atteint. Puis il fallait encore me dépasser pour rentrer au bercail muni de sa charge. Ce fut un numéro d’une grande bravoure. Sortir du trou jusqu’au milieu du chemin, me regarder, rentrer dans le trou, ainsi de suite plusieurs fois, toujours munie de sa proie.


Finalement elle a fait un bond au-dessus de mes pieds, a franchi le petit mur en bois (50 cm) et a disparu.
J’ai fait plein de photos et en ai raté une masse, tout pris par l’émotion de cette rencontre et la vivacité fulgurante de ce petit animal.
Signalons que la belette est commune dans l'hémisphère nord jusqu'à 3000 mètres et pas en danger. C’est le plus petit de nos carnassiers qui se nourrit principalement de rongeurs et qui peut avoir deux portées par an.
Je m’étais déjà étonné de la régression des mulots dans mon jardin. Voilà sans doute l’explication. Plus besoin donc de pièges pour le moment. Et quel bonheur d’avoir abandonné le poison depuis un bon moment. Quand je pense le gâchis que j’aurais pu faire parmi ces jolies belettes.
Il y a encore bien des copains et copines de ce petit animal dans mes environs : hermines, fouines, putois, renards, blaireaux (et je ne cite que les carnivores) … je les rencontre souvent au détour d’un chemin, en général le soir en rentrant du travail. J’espère un jour pouvoir tous leur faire le portrait « sur le vif ».
zhangji
P.S. J'avais d'abord erronnément identifié l'animal comme une hermine. Mais quelqu'un m'a gentiment signalé qu'il s'agit d'une belette. J'ai donc apporté la correction dans mon texte. Voir aussi mon message plus loin à ce sujet.
Il y a de ces jours où la chance vous sourit.
Saisi d’une ineffable flemme, trop forte même pour que j’aille faire la sieste, je me suis installé, ou disons affalé, près de la mare pour refaire quelques images de libellules et de demoiselles. Les premières étaient trop occupées à voler. Les secondes cependant m’offrirent une jolie petite moisson. Tout en scannant mon lac à travers mon télézoom (c’est fou comme une mare change de dimension à travers une lorgnette), j’eus l’agréable surprise de voir une jeune grenouille prenant la pose un peu ringarde, du prince ensorcelé sur sa feuille de nénuphar. Clic-clac, dans la boîte.

Mais j’étais un peu loin et contournant ma mare en position de demi quatre-pattes pour ne pas effaroucher mon jeune modèle, je tentai de m’approcher. Plouf ! Je parie que si ç’avait été ma fille, ce n’aurait pas été le même scénario.
Mais ce n’est pas cela que je désire vous raconter. Voilà des prolégomènes presque vaines, s’il n’y avait pas eu une petite photo. Je m’installai donc contre le mur de pierres, le dos bien exposé à un soleil trop intermittent à mon goût, pour attendre le retour improbable de mon timide batracien. Rien n’y fit.
Mais voilà un mouvement imprévu ! Une belette (1) ! Je lève mon appareil-photo. Trop tard. Disparue dans un trou du mur. Seulement quelques secondes plus tard, un mètre plus près, une tête jaillit d’un autre trou. Photo ! Et revient par un autre trou. Photo ! … et redisparition.



Je regarde le sol devant mes pieds : encore miracolo ! Je n’arrête pas les points d’exclamation, que je garde cependant silencieux, de quoi m’offrir une suite à cette histoire. À cinquante centimètres de mes pieds se trouve le cadavre d’un mulot bien gras, bien gros . Mes petites cellules grises quelque peu rouillées se mettent en mouvement pour reconstituer le drame.
Je crois que la belette s’était amenée avec sa proie dans la gueule jusque devant moi et y avait lâché son repas au moment où j’ai bougé ; puis s’est réfugiée dans le trou, captant ainsi mon attention. Mais elle avait de la suite dans les idées. Ce dîner devait être destiné à ses petits et elle avait bien décidé de le ramener. Elle a donc organisé tout un manège : tout d’abord pour vérifier en quelle mesure je représentais un danger ; puis pour s’emparer de sa proie et la ramener au nid. Cela m’a valu les apparitions répétitives par plusieurs trous du mur où a chaque fois elle me regardait avec plein d’interrogations dans les yeux. Comme je ne bougeais pas, elle s’est précipitée sur son mulot, l’a pris dans sa gueule et l’a ramené dans le mur. Son premier objectif était atteint. Puis il fallait encore me dépasser pour rentrer au bercail muni de sa charge. Ce fut un numéro d’une grande bravoure. Sortir du trou jusqu’au milieu du chemin, me regarder, rentrer dans le trou, ainsi de suite plusieurs fois, toujours munie de sa proie.


Finalement elle a fait un bond au-dessus de mes pieds, a franchi le petit mur en bois (50 cm) et a disparu.
J’ai fait plein de photos et en ai raté une masse, tout pris par l’émotion de cette rencontre et la vivacité fulgurante de ce petit animal.
Signalons que la belette est commune dans l'hémisphère nord jusqu'à 3000 mètres et pas en danger. C’est le plus petit de nos carnassiers qui se nourrit principalement de rongeurs et qui peut avoir deux portées par an.
Je m’étais déjà étonné de la régression des mulots dans mon jardin. Voilà sans doute l’explication. Plus besoin donc de pièges pour le moment. Et quel bonheur d’avoir abandonné le poison depuis un bon moment. Quand je pense le gâchis que j’aurais pu faire parmi ces jolies belettes.
Il y a encore bien des copains et copines de ce petit animal dans mes environs : hermines, fouines, putois, renards, blaireaux (et je ne cite que les carnivores) … je les rencontre souvent au détour d’un chemin, en général le soir en rentrant du travail. J’espère un jour pouvoir tous leur faire le portrait « sur le vif ».
zhangji
P.S. J'avais d'abord erronnément identifié l'animal comme une hermine. Mais quelqu'un m'a gentiment signalé qu'il s'agit d'une belette. J'ai donc apporté la correction dans mon texte. Voir aussi mon message plus loin à ce sujet.